H i s t o i r e ; Toutes les histoires commencent par :« Il était une fois» et se terminent par :« Ils vécurent heureux.» Si ce n'est pas le cas, c'est que l'histoire n'est pas terminée.
À ce qu'on m'a dit, mes parents, soit Astre Australe, ma mère, et Présage Inconnu, mon père, n'avaient pas le droit d'être ensemble et d'être heureux. Et pourquoi donc ! Tout simplement parce que ce sont les règles. Ces règles si importantes que les deux guerriers s'amusaient à briser, à détruire. Mais ils s'aimaient plus que tout, ma mère me l'a confirmé. Elle m'a aussi tout raconté : « Tu sais Petit Battement, j'aime terriblement ton père. Nous nous sommes rencontrés lors d'une assemblée, au Quatre-Chênes. J'avais été choisie par Étoile d'Été tout comme mes deux meilleures amies, soit Plume des Tropiques et Illusion du Vide. Esprit Damné nous accompagnait aussi puisqu'à cette époque je n'étais encore qu'une apprentie tout comme mes amies. Seul Esprit Damné était un vrai guerrier. En fait, c'était le mentor d'Illusion et moi. Le chef avait pris sous son aile la jeune Nuage des Topiques sachant de quoi elle était capable. Ma première assemblée aux Quatre-Chênes! J'étais si nerveuse que je ne tenais plus en place. Étant jeune, je sortais rarement du campement de la Rivière. Juste pour mon entraînement. De toute façon, mes amis étaient tous ici. Bref, si tu savais Petit Battement comment c'était beau et tout. Je te le souhaite un jour, de vivre cette expérience. Fantôme et toi vous êtes si précieux pour moi. Le Clan des Étoiles le sait, il vous guidera le moment venu. Enfin, revenons à l'assemblée veux-tu ? Petit Battement écoutes-moi ! C'est important tu dois savoir la vérité. Bon, merci. À l'assemblée, j'y ait vu pour la toute première fois les autres apprentis et les autres guerriers. Un apprenti en particulier m'a marqué : Nuage Inconnu. Seul son nom était déjà étrange. Il m'apprit alors que ce nom lui allait à merveille parce qu'il ne connaissait pas sa famille. Je lui avais alors dit que, maintenant, s'il le voulait bien, je serais toujours avec lui, ainsi, je serais sa famille. Moi aussi, j'avais perdu mes parents, mais pas à la naissance, comme lui. Pendant un combat. Seul petit hic. Il venait de l'Ombre. Petit Battement, si tu savais comment c'était bon à chaque fois que je le voyais. Longtemps ça duré ainsi. Jusqu'au jour où nous sommes devenus des guerriers. Là, c'était fou. Il était prêt à quitter son camp pour venir me rejoindre, dans le mien. Pour vous voir naître, grandir. Mon chef n'a pas voulu. Un combat c'est engagé. Mais il est parti avant. Je n'ai su que bien plus tard qu'il était mort. Ton frère lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Maintenant, tu sais l'histoire mon Petit Battement. Fantôme est au courant lui aussi. Maintenant, restes cacher dans la pouponnière, je dois partir à mon tour, un combat m'attend.»
Je me réveillai en sursaut pour la millième fois depuis ce jour-là. C'était le jour où maman nous avait quitté, Fantôme et moi. Je n'ai pas envi de vous raconter comment je me sentais à ce moment-là, de toute façon, c'est passé. Elle est morte par amour elle aussi. Enfin, je suppose. Fantôme agissait comme s'il ne savait rien. Mais c'est faux. C'est même lui qui en sait le plus. C'était le préféré de maman juste parce qu'il ressemblait à papa et moi, non. Mais bon, je ne lui en veux pas.
- Petit Battement ? Tu es là ? Demanda Illusion du Vide. Plume des Tropiques te cherche partout.
Plume des Tropiques prenait soin de moi. Esprit Damné prenait soin de Fantôme. C'était ainsi. On n'avait rien demandé, mais j'aimais bien ça. Avant, Plume des Tropiques était simplement une guerrière, mais depuis la mort de ma mère, elle était devenue plutôt ma protectrice.
- Oui, oui je suis là. J'ai pas le droit d'avoir la paix de temps en temps ?
- Sort au moins dehors, Petite Nuit et Petit Humour jouent déjà avec Petit du Fantôme. Aller, vas les rejoindre.
- Ouais, j'y vais.
En fait, ça me rassurait d'avoir Nuit et Humour comme meilleurs amis. C'était des frères et soeurs, mais ils s'entendaient si bien. J'aurais aimé avoir une relation comme celle-ci avec mon frère. Mais c'était peine perdue. Je me levai donc de ma litière et j'allai les rejoindre, heureux de jouer avec eux.
- Salut vous trois ! Hey, j'ai une idée, j'vais aller demander à Nuage d’Abricot si elle veut qu'on l'accompagne aujourd'hui. Elle est apprentie, elle peut bien aller où elle veut.
- C'est pas bête ! Mais non, pas aujourd'hui. J'ai promis à ton frère qu'on se batterait tous les deux. Dit Petit Humour et en regardant Petit du Fantôme du coin de l'oeil. Le chaton noir avait quelque difficulté à prononcer certain mot.
- Tu me connais.. Je n'irais pas sans mon frère. Mais vas-y toi. Et n'oubli pas de nous raconter ! Ajouta Petite Nuit tout en rejoignant son frère un peu plus loin.
- Bon d'accord, j'irai la voir seul alors !
Je marchai donc vers la tanière des apprentis sachant fort bien que Petit Abricot, heu je veux dire, Nuage d’Abricot n'avait pas encore de maître. Donc, elle passait la plupart de son temps là.
- Hey ! Si c'est pas le beau Petit Battement ! Tu veux quoi aujourd'hui ?
- À vrai dire Nuage d’Abricot, je voulais savoir si tu voulais qu'on aille explorer les environs. Après tout, tu es une apprentie !
- Battement, arrête de faire tes beaux yeux, c'est non. Tu le sais bien en plus ! Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Je m'en voudrais trop... Je t'aime beaucoup trop pour ça et tu le sais.
- D'accord, je vais me coucher alors. Tu sauras où me trouver si tu changes d'idée !
Dans la tanière des chatons, il n'y avait personne. Je me couchai à ma place habituelle, mais le sommeil était introuvable. Les rayons du soleil étaient chauds. J'avais tellement envie d'aller explorer. Ne tenant plus en place, je sorti donc par la sortie secrète, celle qui mène vers ... Vers où au fait ? Tant pis ! Je réussi finalement à sortir du campement de la Rivière. Un sentiment de liberté et de fierté m'envahit bien vite. C'était comme si l'infini était devant moi. Je marchai longtemps, regardant ci et là. Des nouvelles odeurs m'apparurent soudainement. Où étais-je ?
- Tu t'es perdu ? Demanda un guerrier roux aux yeux indescriptibles.
- Oui. On est où ici ?
- On se calme jeune chaton. Tout d'abord, sache que je ne te veux pas de mal, je connaissais ton père, Présage Inconnu. Moi, je suis Miroir du Temps. Ici, c'est le camp du Tonnerre.
- Hein ?! Pour vrai ! Chouette alors ! Je meurs de faim !
- Bouges pas d'ici, je vais te chercher quelque chose. Mais après tu retournes à ton camp.
Je n'ai rien dit. Il s'était déjà retourné et puis, de toute façon, je lui aurais menti sinon. Et lui dire la vérité, il n'aurait pas été cherché de quoi manger. Un bruit retendit. Puis un autre.
- Qui est là ?
- T'as vu comme elle est mignonne la petite boule de poil ? Dit Nuage d'Arabesque. Celle-là c'était comme leur chef. Pauvres minettes !
- Oui, mais pas autant que toi. Dit Nuage de Valse. Elle, j'aimais bien son nom. Il y avait quelque chose de doux, mais de dangereux à la fois.
- Salut petit ! Dis, tu veux jouer à un jeu ? Rajouta Nuage de Folie. Son nom le dit, elle était folle.
- Restons polies d'abord, ensuite on jouera. Je suis Nuage d'Arabesque.
- Je suis Nuage de Valse, soeur d'Arabesque.
- Et moi, je suis Nuage de Folie. Toi ?
- Moi ? En tout cas, je suis plus beau que vous toutes réunis !
- Tu ferais mieux de fermer ta sale gueule espèce de.. , commença Nuage d'Arabesque, se pompant de plus en plus.
- Arabesque ! Valse ! Folie ! Aller, partez ! IMMÉDIATEMENT ! Hurla Miroir du Temps, la proie à ses pattes.
Moi, je regardais les trois pestes déguerpir au triple galop riant de leurs têtes.
- Qu'as-tu à rire Petit Battement ?
- Nuage d’Aile.
- Oh je vois. Mes félicitations alors. Ton père serait content, tu le sais.
Que lui dire ? Qu'il avait raison alors que tous les deux on savait très bien que c'était la vérité ? Pourquoi gaspiller de simples mots pour lui dire. Je le regardai, plongeant mon regard azuré dans ses yeux clairs. Ne parlant point, il m'emmena avec lui manger plus loin, là où on serait tranquille probablement. J'étais revenu voir Miroir du Temps. Parce que mon père me manquait ces temps-ci. Surtout depuis que j'étais maintenant un apprenti, à mon plus grand bonheur.
- Bonjour Petite des Oranges. Dit-il tout en donnant un léger coup de queue a l'oreille de la jeune chatonne. Retournes au camp, ta mère doit te chercher.
- J'y vais. Je venais juste.. heu... voir si, dans le coin, il n'y avait pas heu... comment le guérisseur a dit déjà... heuu...
- Tu ferais mieux d'y retourner. Ainsi tu reviendras avec lui.
Je souriai à la jeune chatonne tigré grise. Ses yeux étaient plein de vie et de rêves. J'entendais les pas de Miroir du Temps poursuivre sa route.
- Salut ! Je suis Nuage d’Aile.
- Salut !
Et elle fila dans les buissons non loin tandis que le matou roux m'interpella pour une quatrième fois, je crois. Une fois arrivée près de lui, de nouvelles odeurs vinrent à moi. Tout d'abord, celle du Vent, puis celle de l'Ombre.
- Le Vent est tout près ainsi que l'Ombre.
Je ne posais pas de question, c'était précis et clair comme affirmation. Il n'y avait rien là-dedans à réfuter.
- La Rivière est de l'autre côté. Rentre chez toi maintenant.
Il s'en retourna après m'avoir affectueusement donné une lèche sur l'épaule. Il savait sûrement que j'allais aller explorer. Mais pas cette fois. Cette nuit, c'était ma toute première assemblée aux Quatre-Chênes et je voulais y aller. Donc pas question de jouer les mille coups. Le soir vint finalement. Nous nous rendîmes au point de rencontre prévu à cet effet. Je souriai devant les autres chats qui s'approchaient vers moi et eux firent de même.
- Bonjour petit. Tu viens de la Rivière ? Moi, de l'Ombre. Je suis Souffle de Mort.
- Moi Nuage Macabre. Je suis son apprenti. Heureux de faire ta connaissance.
- Tiens ! Si c'est pas le beau Nuage d’Aile ! Interpela Nuage d’Abricot toujours aussi magnifique.
- Nuage d’Aile? Tiens donc. Tes parents ce ne serait pas Astre Australe et Présage Inconnu ? Ragea le guerrier de l'Ombre.
J'allais acquiescer lorsque je vis Souffle de Mort changer totalement de personnalité. Il était maintenant près au combat et il osa même sauter sur moi ! Il me donna un coup et c'est ma patte qui le reçu. Nuage d’Abricot vint se placer en avant de moi pour me protéger, me défendre, je suppose, mais c'est une apprentie du Vent qui mis fin à ce presque combat. En effet, elle avait plaqué au sol Nuage Macabre. C'est alors que les chefs interpelèrent tous les chats. J'en profitai donc pour me rendre proche de ma, heuu comment dire, enfin bref, celle qui avait mis fin à tout ça. Je lui souriai, reconnaissant.
- Nuage d’Aquarelle, du Vent.
- Nuage d’Aile, de la Rivière.
- Alors, ils ne t'aiment pas beaucoup on dirait..
- Je crois plutôt qu'ils en veulent à mes parents, mais je ne sais pour quelles raisons..
- Ça se peut fort bien. En fait, ça serait logique.
-Je voulais juste te remercier... Alors heu.. Ben. Merci Nuage d’Aquarelle !
- De rien... Tu crois qu'on va se revoir ? Je serais bientôt guerrière..
- Je ne sais pas.. On pourrait.
- ... Oui. Je dois y aller, mon chef m'appelle.
- Moi aussi. Alors, à la prochaine.
- Le plus tôt possible serait le mieux… !
Et je m'en retournai chez moi accompagné de Plume des Tropiques qui me regardait avec de gros yeux. Elle ralentissait le pas alors j'ai fait de même.
- Tu sais mon petit..
- Pas la peine d'en dire plus, oui je sais.
- Non. Tu joues avec le feu ! Arrête moi ça immédiatement veux-tu ?
Je ne bronchais pas, regardant la guerrière blanche marcher vers le Clan de la Rvière. De toute façon, je ne pouvais pas lui mentir, j'en étais incapable. Le silence était fort mieux. Je continuai donc ma route pensant à mes nouveaux plans.
Fin, du moins, pour l'instant. De retour au campement, Nuage d’Abricot m'adressa un sourire, un de ceux que je ne pourrais pas oublié.
- Vient nous rejoindre, c'est à ton tour.
Le chef avait parlé alors autant l'écouter. Nuage d’Aile ne comprenait pas trop en quoi c'était à son tour, mais il s'avança tout de même vers le promontoire.
- Que toux ceux qui sont en âge de chasser s'approchent. L'Assemblée du Clan va bientôt commencer.
Disait Étoile X à l'intention de tous. Très vite, la place fut remplie et l'Assemblée commença. Tout d'abord, Étoile X nomma Nuage d’Abricot. Maintenant, elle était guerrière et son nom était désormais Parfum d’Abricot. Nuage de Nuit ainsi que Nuage d'Humour eurent à leur tour leurs noms de guerrier; Nuit Blanche et Humour Noir. Même mon frère Nuage du Fantôme reçu son nom; Fantôme du Chaos.
- Nuage d’Aile, approches. Jusqu'au jour où le Clan des Étoiles te reprendra, tu porteras fièrement le nom de Battements d’Aile. Tu es désormais un guerrier à part entière dans le Clan de la Rivière.
Tous m'acclamèrent et l'Assemblée du Clan se termina sur ma nomination. Néant Infini. Ce nom m'allait à merveille.
Bientôt, je compris finalement ce qu'était d'être un guerrier. Un vrai. Pas le model rétrécit d'un autre. J'étais fier, heureux de ça.
- Tu viens Parfum d’Abricot ? Je vais aller chasser un peu... J'aimerais que tu viennes avec moi... Étoile X est d'accord de toute façon.
- Oui, si Étoile X l'est, alors je t'accompagne.
Les deux guerriers n'avaient pas encore d'apprenti et ils profitaient amplement de leur liberté, s'inventant des jeux, faisant des courses. Tout ce passa à merveille, comme si le destin jouait en leur faveur. Étoile X était fier d'eux; c'était un model pour le Clan. Ils se partageaient tout et ils se comprenaient, malgré le fait que tout les différenciait l'un a l'autre.
- Battements d’Aile... Crois-tu que je serais un bon maître ?
- Bien sûr ma jolie. Tout comme tu feras une excellente mère. On a juste à regarder pétiller tes yeux de bonheur lorsque tu t'occupes des chatons de Frissons d'Amour.
Pour toute réponse, la chatte rougit, flattée par mon attention, je suppose. Mais c'était vrai. Elle avait le tour avec les petits. Je lui souriai et on rentra finalement au campement, rapportant plein de proies. La saison du printemps vint rapidement mettre son piquant dans ma vie. Parfum d’Abricot était resplendissante et les chatons de Frissons d'Amour pouvaient maintenant jouer à l'extérieur sans courir de danger.
- Battements d’Aile ? Viens ici s'il te plaît.
Je me retournai, sachant que je me devais de suivre Étoile X.
- Tu es bien proche de Parfum d’Abricot...
- Oui, en effet.
- Évite de faires des mouvements déplacés en ce temps-ci... Une guerre ce prépare et je crains déjà la survie des chatons de Frissons d'Amour. Je ne voudrais pas non plus devoir m'inquiéter pour les tiens. De plus, la nourriture est encore basse.
J'approuvais, ne sachant trop que dire de cette étrange discussion. Je sentais bien que Parfum d’Abricot agissait fort différemment avec moi depuis quelque temps, mais je n'avais jamais osé aller plus loin avec elle. C'était ma meilleure amie avant tout et je m'en voudrais si je la blessais. Je sorti de l'entre du chef, puis j'allais chasser. Me changer les idées me fit le plus grand bien. Faire le point. Je devais parler à Parfum d’Abricot. Lui expliquer la situation tout au moins..
- Abricot...
- Oui Battements d’Aile ?
- J'y ait bien réfléchit.. et puis..
- Arrête, arrête, arrête...
- Non, écoute-moi !
- Toi. Tu sais que je t'ai toujours aimé... Pourquoi ne me l'as-tu jamais dit, Battements, pourquoi ? C'est tout ce que je veux tu sais, juste entendre ces mots doux prononcés par toi.
Je la regardais verser quelques larmes tout en parlant. Ça me brisait terriblement le coeur de la voir ainsi, triste. Je m'approchai donc d'elle et lui fit une douce lèche sur le bout du museau.
- J'ai entendu dire que je n'étais pas très bien aimée par Étoile X... Je pars... J'espère te revoir mon bel amour...
- Non Abricot ! Arrête ! Tu dis n'importe quoi ! Étoile X ne te veux rien ! Arrête !
- Mon choix est fait depuis longtemps. Étoile X est même au courant. Aurevoir mon très cher ami... Sache que tu seras toujours avec moi quelques parts.
- Parfum d’Abricot... Je t’aime…
Et elle tourna le dos au campement, à moi. Je rentrais bredouille de cette partie de chasse. Je crois même que j'avais les yeux dans l'eau. Après tout, elle était partie maintenant. Pour de vrai.
CHAPITRE QUATRE ___
Je ne sais pas si c'est le destin qui joue avec nous, mais des fois, j'aimerais bien le changer. Pour revenir dans le temps où j'étais heureux. Dans le temps où ma vie avait encore un sens.
- Battements d’Aile, tu feras maintenant partie de la patrouille de l'aube aux abords du Clan de la Rivière. Tu iras seul, je te sens capable pour cette tâche, mais restes tout de même sur tes gardes.
J'approuvai les paroles d'Étoile X. La patrouille de l'aube. Hey ben. Une boule de poil fonça droit sur moi.
- Petit Cachou ! Excuse-toi !
- Oui maman ! Je m'excuse !
Et il reparti faire la course un peu plus loin sous l'oeil de sa mère, Frissons d'Amour. Ah, je crois aussi que j'ai oublié de mentionner qu'elle était aussi la lieutenante du Clan. Malgré son excellent caractère, ses chatons étaient de vraies pestes. Surtout Petite Pensée.
Le matin-même, je me rendis à la frontière du territoire de la Rivière afin d'y faire mon tour de garde. Regardant l'eau courir sous mon museau, j’en reçut en plein visage. Un rire cristallin raisonna dans mes oreilles.
- Désolée, c'était trop tentant. Prends ça pour un avertissement, même si tu es à la limite.
Je relevais ma lourde tête, laissant l'eau ruisseler sur mon pelage tigré. Je lui souriai, reconnaissant de ne pas m'avoir attaqué.
- Tes yeux me disent quelques choses… On ne se serait pas déjà vue par hasard ?
- Peut-être. Si tu le dis, je ne dirais pas le contraire.
- Je suis Aquarelle de Couleurs. Toi ?
- Nuage d’Aquarelle ? C'est bien toi !
- Oui... ?
- Je suis Battements d’Aile ! Anciennement Nuage d’Aile!
- Oh Battements ! J'ai pensé à toi, si tu savais !
J'étais surpris qu'elle prononce ces mots. Je ne m'y attendais tout simplement pas avec tout le temps qui c'était passé. Elle traversa la rivière, ou du moins, ce qui en avait l’air à cause de la fonte des neiges, en sautant de roche en roche, habile comme tout. Arrivée devant moi, elle me sauta dessus et elle frotta sa tête contre la mienne.
- Aquarelle...
- J'ai eu peur de ne pas te revoir tu sais... Sans nouvelles de toi depuis déjà presque dix lunes... Une chance qu'une certaine solitaire m'en a donné il n'y a pas si longtemps.
- Qui était-ce ?
- Parfum... Quelque chose du genre.
- Parfum d’Abricot ?
- Je ne sais plus trop.. Ça fais assez longtemps qu'elle est passée..
- Elle est bien loin ?
- Je... Mon chef l'a retrouvée sans vie sur le bord de la route.. Je suppose qu'elle y venait souvent pour espérer te revoir, puisque c'était ton amie... Ça fait déjà cinq lunes de ça..
- Je... Je ne savais pas..
- Je suis désolée, Battements d’Aile... Les monstres ont eu raisons d'elle... Si tu veux la veiller, je comprendrais, c'était ta meilleure amie... Je resterais avec toi si tu le souhaites... J'aimerais.
- Alors, restes.
Je me roulais en boule sur une grosse roche plate et Aquarelle de Couleurs vint se coucher à mes côtés. Tant pis pour le reste de mon Clan. Étoile X comprendras. Ou peut-être que non. Je m'endormis finalement, bercé par le son de sa douce respiration.
- Battements d’Aile..
- Hmm.. ?
Une chaude langue râpeuse passa entre mes deux oreilles. Je me laissai cajoler par elle, ça me faisait du bien de savoir que je n'étais pas seul dans ce bas monde. J'avais même l'impression qu'elle me comprenait.
- On doit partir, maintenant. Même si je ne veux pas te quitter, il le faut…
- Non, pas toi aussi... S'il te plaît Aquarelle de Couleurs... S'il te plaît…
- T'inquiète, je serais ici, demain, à l'aube.
- Je viendrais, je te le promets.
- À demain alors...
Un second coup de langue passa sur ma fourrure me donnant des frissons. Avant de rentrer au camp, je chassais un peu. Je ne voulais surtout pas rentrer les pattes vides.
CHAPITRE CINQ ___
- Que tous ceux qui sont en âge de chasser s'approchent ! Étoile X a un message à vous faire.
- Merci Frissons d'Amour.
- En ce jour gris, une guerre se prépare. Le Clan du Vent a chassé des lapins de nos terres ! Le Clan du Tonnerre nous provoque parce qu'on prend l'eau de NOTRE ruisseau; ce n'est pas le leur ! L'Ombre a dépassé les limites avec un de nos apprentis ! Il est temps de réagir ! De prendre ce qui nous appartient et de défendre nos idées ! Soyez prévoyant, ils peuvent venir nous attaquer n'importe quand !
Étoile X continua de parler, mais je n'avais qu'une seule idée en tête. Retrouver Aquarelle de Couleurs afin de la sauver de toute cette horreur. Je partis donc.
- Aquarelle de Couleurs ? C'est moi…
Je lui donnai une douce lèche afin de la réveiller. L'aube se levait tranquillement. Elle était en avance.
- Viens ma belle. Je ne veux pas qu'on se batte, c'est idiot. Viens avec moi loin d'ici...
Elle releva sa tête, ses yeux étaient pleins d'eau. Elle me suppliait presque de partir dans son regard. Mais, ça ce voyait qu'elle me suppliait en même temps de rester. Elle se leva péniblement. Des gouttes de sang tachaient la pierre plate ainsi que son pelage.
- Qui, qui t'as fais ça ?
Elle aurait voulu parler, mais elle en fut incapable. Elle souffrait trop. Et moi, je ne savais... Je souffrais trop de la voir ainsi.
- Dis moi qui ma belle. Je t'en supplie… Dis-le moi...
Ses larmes tombèrent comme des soldats à une guerre. Mes rêves s'effondrèrent avec. Elle vacilla. Puis, on m'attaqua à coup de griffes.
CHAPITRE SIX ___
Je me réveillais pour la millième fois en sursaut. Quelqu'un entra dans la tanière, ils m'attendaient. Je me levai péniblement, rassemblant mon courage et je serrai les dents. Je m'avançai alors et j'attendis.
- Venez tous, aujourd'hui est un jour que personne n'oubliera. Un jour sombre, sans fin, sans vie. Étoile X est morte lors d'un combat. Elle s'est battue jusqu'à la fin pour nous, pour le Clan, en l'honneur. Et elle ne partira jamais dans nos mémoires. Que le Clan des Étoiles l'accueille. Frissons d'Amour a, elle aussi, succombé à ses blessures les dernières heures suivant la guerre. Elle laisse dans le deuil ses chatons et le Clan de l’Ombre. Je lui souhaite d'avoir tout le bonheur qu'elle mérite au Clan des Étoiles. Frissons d'Amour, sois-en assurée, tes chatons seront entre de bonnes pattes ici. Nous veillerons sur eux. Cette nuit, nous veillerons sur ces deux grandes guerrières au coeur d'or et aux griffes d'argent.
Je veillai Étoile X et Frissons d'Amour jusqu'à la fin. Tous restèrent en silence. On n'osa parler de peur. L'aube se leva bien vite. Je suis allé enterrer les guerrières avec les autres. Lorsque je reviens, je montai de nouveau sur la grande roche.
- Avant de mourir, Frissons d'Amour avait appris la mort d'Étoile X. Elle savait sûrement qu'elle non plus, elle ne survivrait pas. Elle m'a donné les reines du Clan. C'est donc avec un immense regret et un grand honneur que je les accepte. J'irais chercher mes neuf vies ce soir. Puis je choisirais mon lieutenant.
Elle était désormais Feuille de Lune, la nouvelle chef. & moi, Battements d’Aile, lieutenant.